Dessiner, recopier, adapter

Si Muret a dessiné la plupart des objets d'après nature, il a aussi complété ses planches de motifs empruntés à des ouvrages sur les oeuvres antiques. Ces copies sont parfois indiquées dans les légendes, mais très rarement.

Sur cette planche, une indication au crayon renvoit à la publication de Domenico Lo Faso Pietrasanta Serradifalco, Le antichità della Sicilia, Antichità di Selinunte, vol. II, Palerme, 1834, pl. XXVI. Il s'agit d'une des métopes du temple C de Sélinonte, en Sicile. Le dessin de Muret diffère toutefois nettement de l'original.

Muret a dessiné de nombreux bijoux en or de la publication de F. Gille, Antiquités du Bosphore cimmérien, 1854 ; il les connaissait également par les moulages que le conservateur de Saint-Petersbourg avait envoyé au Cabinet des médailles après les découvertes de 1831 dans le tombeau de Koul-Oba, en Crimée. Ce bracelet est ainsi dessiné avec les déformations qui sont gommées dans la gravure imprimée.

Muret a aussi, parfois, dessiné un extrait sélectionné d'une oeuvre, comme dans le cas de ce diadème. On remarquera aussi que la couleur dorée est trompeuse, puisque l'original possède également des couleurs émaillées. Mais le dessinateur ne connaissait que des copies incolores de l'objet, gravure ou moulage.

Il copie des oeuvres de musées étrangers, ou bien des découvertes archéologiques de son temps : ainsi, cette figurine de femme, trouvée à Egine, est publiée dans l'Expédition scientifique de Morée, ordonnée par le gouvernement français. Architecture, sculptures, inscriptions et vues du Péloponèse, des Cyclades et de l'Attique, Paris, 1831, III, pl. 43.2 .

On perçoit ici un enjeu important de l'entreprise de Muret : permettre de faire avancer le savoir, proposer de nouvelles identifications et interprétations, en confrontant objets inédits et publications connues. Ces dessins sont comme la trace de ce savoir en mouvement, progressivement mis en ordre, et ils montrent comment les images d'après l'antique publiées les décennies et les siècles passés sont alors consultées, reprises, adaptées pour éclairer les nouvelles découvertes comme les collections des musées. 

Retrouvez dans Agorha les références de toutes les gravures visibles dans les notices d'oeuvres.