Les lettres de Jacques Doucet à René Jean vont de 1908 à 1924 environ. Le plus grand nombre se rapporte à la formation de la Bibliothèque d\u0027art et d\u0027archéologie Bque d'art et d'archéologie . En 1908 Jacques Doucet demandait à René-Jean alors sous-bibliothécaire aux Arts Décoratifs, de venir l'aider dans cette formation (lettre de J. D. 1908) et des sentiments amicaux naquirent de ces fréquentations. Au cours de ses voyages, en Italie, en Egypte les lettres de J. D. le montrent attentif à enrichir les collections qui se forment. Il va voir libraires, photo- graphes, conservateurs de musée et correspond à ce sujet avec René Jean resté à Paris. La collaboration intime s'arrête fin 1914 par suite de la guerre, mais J. D. ne cesse pas de demander des conseils à R. J. mobilisé et de le tenir au courant des menus faits et potins. C'est le moment où fut réalisée la donation des collections à l'Université de Paris. Autour de cette donation des intrigues se sont nouées (une lettre de J. D. y fait allusion à une séance de la Société de l\u0027histoire de l\u0027art français S.té de l'histoire de l'art français où Albert Vuaflart maître Jacques, - si l'on peut dire - de Doucet avait

voulu mettre celui-ci devant un fait accompli. L'idée première du don vient de Pierre Marcel qui en parla à René-Jean. Celui-ci amena Doucet à cette idée et les premiers pourparlers eurent lieu entre René Jean, représentant J. D., Bayet, directeur de l' Enseignement supérieur Enseign.t supérieur et Liard Recteur de l'Université. Emile Bertaux et Chavannes étayaient cette idée. Les pourparlers allèrent jusqu'à une conclusion de principe. Mais la mort de Bayer, de Liard, de Bertaux faillirent tout compromettre. De Berne où il était alors, René-Jean écrivait à M. Steeg ancien ministre qui était au courant et pria Jean Guiffrey d'intervenir auprès du frère de Steeg, chef de la propagande, pour qu'il prévint son frère. Le recteur Poincaré qui ignorait tout de l'histoire fut avisé. Il intervint - ce qui devait être un legs devint une donation qui laisse quelque amertume au bienfaiteur "obligé" de vendre les dessins annexés à la bibliothèque "pour faire la dot de sa fille". Ces dessins devaient constituer un cabinet de dessins contemporains. Après la guerre 14-18 les relations de Doucet et de René-Jean se poursuivirent dans un esprit amical. Ceci permit au dernier lorsqu'il

s'aperçut à la suite d'une conversation avec J. Hackin que les photographies Goloubew et autres se rapportant aux arts asiatiques étaient délaissées d'obtenir de Doucet leur transfert à Guimet où elles sont encore. Doucet - à qui René Jean avait fait acheter son premier Cézanne - lui demandait (voir ses lettres) parfois son avis sur des oeuvres contemporaines. Il y aurait un portrait curieux à tracer de ce grand collectionneur et homme de goût, enfant gâté de la fortune, susceptible, méfiant et confiant à la fois comme sont souvent les hommes trop riches et souffrant du dédain général qui frappait alors le couturier. Une matinée par semaine, il admettait certaines personnes à visiter ses collections installées dans son hotel rue Spontini. Tout Paris y défila. On y venait l'étranger. Hardi, novateur, épris de l'art oriental comme de l'art du 18e siècle, il n'avait pas d'amis dans le monde de l'érudition et se contentait des conseils de quelques marchands. Parler de tout ceci est un peu prématuré. Les services rendus aux études par J. Doucet justifient je crois la présence de ses lettres dans les collections de la

Bibliothèque nationale. Quelque jour peut-être on écrira l'histoire de la formation de la Bibliothèque d\u0027art et d\u0027archéologie Bibl.que d'art et d'archéologie et ces papiers présenteront quelque intérêt. J'y pourrai joindre plus tard d'autres lettres de savants dont les conseils m'ont guidé dans une tâche ignorée ou oubliée des principaux bénéficiaires d'à présent.