La séance est ouverte à 4 heures sous la présidence de M. PERROT. Excusés : MM. BARTH, HAHN, HARMAND. Le procès-verbal de la séance du 2 mai est lu et adopté. A l'occa- sion d'un passage de ce procès-verbal, M. FINOT demande à M. le PRESIDENT la permission de rassurer dès à présent la Commission sur le sort des plans des citadelles annamites. Une lettre de M. Cl.-E. MAITRE lui a appris qu'on en avait déjà retrouvé à Hué une tren- taine et qu'on les faisait recopier. L'ordre du jour appelle le dépouillement de la correspondance. M. le Secrétaire d'Etat aux Beaux-Arts a envoyé en communication une lettre de M. BEAUVAIS, consul à Canton, adressée à M. le Gou- verneur général de l'Indochine , et annonçant la prochaine démo- lition des murailles de Canton, dont la construction remonte à l'an 1380 après J.-C. Ces travaux pourraient amener la découverte d'intéressants documents archéologiques et vont entraîner la vente de vieux canons très décoratifs, en bronze, dont il y aurait lieu d'acquérir des spécimens pour le Musée de l'Ecole française d'Ex- trême-Orient. M. René JEAN, conservateur de la Bibliothèque d'art et d'archéo- logie, fondée par M. DOUCET, écrit à M. le Président de la Commission : "Nous nous efforçons en ce moment de constituer un ensemble, aussi complet que possible, de livres et documents sur l'art asiatique. Grâce à M. CHAVANNES, nos collections chinoises peuvent déjà offrir de précieuses ressources aux érudits. Nous espérons, avec le con- cours promis jadis par M. Cl.-E. MAITRE, arriver à posséder l'essentiel des livres publiés par les Japonais sur l'art de leur pays, et notre section indienne est riche des clichés et des photographies qu'y a déposés et qu'y dépose chaque jour M. V. GOLOUBEW. Je n'ai pas besoin d'ajouter que M. DOUCET est prêt, là comme ailleurs, à faire tout le nécessaire pour l'enrichissement de séries qui répondent à un besoin. "Intéressé par les conférences de M. FOUCHER sur Angkor, et voyant d'après les albums publiés quelle moisson de photographies

pourrait être faite parmi les sculptures indochinoises, je me suis demandé s'il ne serait pas possible de collaborer indirectement aux efforts des savants qui travaillent à Angkor, en mettant à leur dispo- sition un crédit destiné à alimenter leur service photographique. En retour, les clichés seraient déposés ici. Les droits de reproduction pourraient, en certains cas à déterminer, être réservés aux opéra- teurs. Enfin, une série d'épreuves serait, à la bibliothèque, à la dis- position des travailleurs auxquels pourraient être données, dans cer- tains cas, les épreuves nécessaires à leurs recherches... C'est à la Commission archéologique de l'Indochine qu'il appartient en premier lieu de donner son avis, puisque rien ne pourrait se faire sans son appui éventuel et sans l'agrément de l'Ecole française d'Extrême- Orient. "D'autre part, des clichés pris antérieurement à Angkor ont été déposés à la Société asiatique. Ne serait-ce pas favoriser leur con- sultation que de les déposer à notre service photographique qui en tirerait des épreuves pour nos cartons ? Ces cartons sont, chaque jour, à la disposition des travailleurs sérieux. Si certains savants avaient besoin de quelques-unes de ces photographies, nous les leur fournirions très volontiers, sous réserve des droits spéciaux qui seraient indiqués..." M. le PRESIDENT se plaît à rendre hommage à l'esprit de haute libéralité qui a inspiré la fondation de M. DOUCET, et aux services scientifiques que ne cesse de rendre la Bibliothèque d'art et d'ar- chéologie : aussi exprime-t-il en passant le souhait qu'elle continue à recevoir toutes les publications de la Commission. Quant à la lettre de M. René JEAN, elle vise un double objet. En ce qui con- cerne la subvention offert au service archéologique d'Angkor, la Commission ne peut qu'exprimer un avis favorable, mais il convient de renvoyer M. René JEAN au directeur de l'Ecole française d'Extrême- Orient pour étudier ensemble les détails d'exécution de ce projet. De même, M. le PRESIDENT serait disposé à autoriser, en ce qui le regarder, le transfert des clichés, jadis envoyés à l'Académie des Inscriptions par le regretté général DE BEYLIE, de la Société asiatique à la Bibliothèque d'art et d'archéologie. Toutefois il y aurait lieu, par exemple, à propos des clichés de la mission Dufour-Carpeaux, qui sont la propriété de l'Ecole française d'Extrême-Orient, de réserver les droits des tiers.

MM. CHAVANNES et S. LEVI appuient la demande de M. René JEAN en faisant remarquer qu'il ne s'agit en somme que d'un dépôt et non d'une donation ; que les clichés seront dans de bien meilleures conditions au point de vue de leur conservation et de la facilité de leur accès et usage ; et qu'enfin il y aurait lieu de donner ainsi l'exemple aux amateurs, sinon même de faire appel à eux en vue de constituer des sortes d'archives racontant par l'image l'histoire des transformations que subit à l'heure actuelle l'aspect des monu- ments cambodgiens. En tant que président de la Société asiatique, M. SENART donne également son adhésion au projet. Il est décidé qu'une réponse des plus encourageantes sera adressée par M. le PRESIDENT à M. René JEAN et que celui-ci sera invité à s'entendre au sujet du transfert des clichés avec une sorte de sous-commission officieuse formée de MM. CHAVANNES, FINOT et S. LEVI.